La complexité de la situation internationale met en évidence la difficulté de l’Europe à exercer un rôle de négociateur sur les différents fronts, mais aussi à poursuivre ses véritables intérêts qui devraient, semble-t-il, être mieux identifiés.
Les propos tenus par Mario Draghi il y a quelques mois sur ce qu’il conviendrait de faire pour donner un sens à un véritable projet européen prennent encore plus de poids aujourd’hui, il s’agit d’éviter le manque de pertinence afin que ce projet ne soit pas seulement une simple zone de marché commun.
Il faut prendre acte de la situation actuelle afin de trouver une voie vraiment commune et partagée pour créer une Europe souveraine et indépendante qui soit capable de renforcer ses capacités, c’est encore possible, mais il faudrait peut-être faire une pause de réflexion au lieu de courir après des situations qui maintenant dépendent des autres.
La première question, dont dépendent toutes les autres, est celle de l’innovation. Si l’Europe ne trouve pas le moyen de décider d’une politique commune de développement industriel dans ce domaine, elle se retrouvera toujours dépendante des autres, et donc sera fatalement non souveraine. Le système d’alliances sur lequel notre continent a fondé sa sécurité après la Seconde Guerre mondiale et, après 1989, a développé une idée de la mondialisation dont il devait être l’un des protagonistes, ce système ne doit pas être rejeté, mais certainement repensé.
La demande de responsabilisation et d’engagement direct émanant des États-Unis pourrait en fait être une opportunité précieuse, et pour la saisir, il faut travailler précisément sur le potentiel de l’Europe dans le domaine de l’innovation. Le Forum des entreprises et de l’innovation Italie-France, qui se tiendra les 3 et 4 juillet à l’ambassade de France au Palazzo Farnese, se propose d’explorer quelques idées allant dans ce sens, en donnant de l’importance au partenariat Italie-France.
Il y aura en particulier au cours du Forum la présence importante de la Direction Générale de l’Industrie du MIMIT, qui collabore avec la DGE française en vue des initiatives prévues par le Traité du Quirinal, cette présence permettra de vérifier les possibilités de collaboration du Conseil de l’Innovation de l’IREFI avec les réalités institutionnelles des deux pays dans le secteur et ce en élargissant le niveau et la portée des initiatives futures.
En outre, le lancement de la deuxième édition du Call4Ideas Super Sapiens Europe, destiné à développer un véritable écosystème d’innovation partagé entre nos deux pays, donnera une continuité à l’action entamée lors du Forum 2024, ce forum a également vu la présentation d’un Board Innovation Italie-France sur l’innovation. Le débat permettra de vérifier quels sont, parmi les cinq points présentés, ceux qui devraient être approfondis et portés au niveau de l’Union européenne pour une action partagée par nos deux pays.
L’idée d’une action commune entre l’Italie et la France en matière d’innovation est une contribution concrète à une véritable souveraineté européenne, elle est à étendre aux autres pays, à commencer par l’Allemagne, en définissant une division rationnelle des tâches et une supply chain efficiente afin d’obtenir un développement industriel capable de dépasser les logiques nationales. Une nouvelle saison peut s’ouvrir, mais il n’y a pas de temps à perdre.
Fabrizio Maria Romano, Président IREFI
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